L'ensemble
des éléments de la poignée du sabre (tsuka, tsuba,
seppa et habaki) sont maintenus sur la fusée à l'aide
d'une cheville de bambou. Cette petite pièce à l'allure
insignifiante, le mekugi a une importance beaucoup plus grande que
pourrait le laisser croire son apparence. Ce bout de bambou mesurant
à peine deux centimètres de long a pour fonction
d'assurer fermement la poignée (tsuka) et les accessoires
(tsuka, tsuba, seppa, habaki) sur la lame. Outre son utilité de
cheville d'assemblage, sa fonction mécanique est très
importante. Elle absorbe une grande part de l'onde de choc issue de la
force centrifuge et de l'impact de la coupe. Pour cela, le choix du
matériau, de sa qualité et de sa résistance est
primordial. Tout autre matière que le bambou (corne,
métal, bois...) est à proscrire. Traditionnellement le
mekugi est façonné dans la partie basse des bambous
exposés au côté sud de la bambouseraie, le soleil
donnant une plus grande dureté et souplesse à la plante.
Seule la partie externe proche de l'écorce est taillée
à la dimension du trou existant sur la soie du sabre (mekugi
ana).
Le positionnement
du mekugi dans le mekugi ana est important, de façon à
offrir la meilleure résistance. Tel qu'il est fabriqué,
il comporte une partie à haute densité veineuse
(écorce) et une à plus faible densité. Il sera
donc positionné dans la poignée et la soie du sabre
(nakago) afin d'absorber la force centrifuge de la lame et donc avec la
partie la plus dure (l'écorce) orientée vers le tranchant
(ha).
Dans le
passé, la région du temple Iwashimizu Hachiman
près de Kyoto était réputée pour la
qualité de ses mekugi grâce à son sol riche en
silice qui rend les veines du bois plus dures. Certains fabricants
faisaient bouillir les mekugi dans un liquide spécial pour les
rendre encore plus résistants.
Les samurai
prenaient grand soin du mekugi, contrôlant son état et
l'humidifiant légèrement avant le combat afin de le
renforcer.
Le pratiquant de battodo aura à coeur d'appliquer ces mêmes précautions.
Les bambous
étant difficiles à se procurer, pour remplacer un mekugi
défectueux, nous conseillons de le façonner dans une lame
de bambou d'un shinai détérioré, en
prélevant le bois dans la partie la plus large et la plus saine.
Tout pratiquant de kendo réservera à cet usage ses shinai
hors d'usage.
Il est bon de se
rappeler qu'au mois d'octobre 1981, un accident mortel est
arrivé dans la préfecture de Kumamoto au Japon lors d'une
démonstration de coupe. La lame libérée de sa
poignée suite à la rupture du mekugi et à la force
centrifuge, lors d'une coupe, a été projetée dans
le public et a atteint un jeune spectateur à la poitrine! Il fut
tué sur le coup.
Par
conséquent, il est indispensable de vérifier souvent
l'état du mekugi et d'avoir en sa possession une cheville de
rechange.
Texte S. Degore ("seitei toho battodo, pratique de l'escrime japonaise")
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