L’engagement
dans le Budo
Je propose la réflexion suivante. Que sont les budo modernes, comment est-il judicieux de s'y engager? Nous
traduisons usuellement ces kanji par « voie de la guerre »
Concernant le kanji « michi, do 道 » signifiant la voie, la route,
il est composé de deux radicaux chinois : une partie gauche
signifiant « marcher, avancer » et
une partie droite
, signifiant « tête »
Cela
traduit largement le mouvement de l’homme (tête) sur la
voie et donc un cheminement où chaque étape est un le
seuil d’un nouveau
départ. Il n’y a pas d’intérêt à
y voir un aboutissement au-delà de cette idée.
Cela ne veut pas dire non plus qu’il ne faut pas
considérer le chemin parcouru.
Concernant le kanji BU, dans son
acception moderne, il peut se décomposer de la façon suivante
La partie gauche du kanji chinois
est issue du verbe « tomeru , tome, 止»
signifiant « arrêter », et la partie droite est, quant à elle, issue
du kanji chinois
« hoko , 戈» qui est une hallebarde
ou lance ancienne utilisée avant et pendant
la période Heian. On peut donc, plus largement, donner la signification
suivante à ce terme « arrêter la lance ».
Cependant ce kanji « tome » avait dans le passé une signification autre, avec pour sens « pied », qui donnerait le sens
suivant « lance à pied, fantassin »
On constate que la signification avec le temps a changé,
voire s’est inversée. « La voie du fantassin », donc du « la
voie guerrier armé d’une lance » dans son sens d’antan est passée à
la « voie de celui qui arrête la lance ».
Cela, à mon sens, traduit bien l’évolution des budo, allant
d’une pratique « externe » à une pratique « interne », dans
un cheminement marqué empreint d’une philosophie.
Cette pratique « interne » se nourrit de
l’engagement qu’on peut avoir dans notre démarche. Cet engagement, dans l’idéal
de la voie des budo, doit être total, sans ménager ni sa peine ni sa sueur.
C’est à ce prix que la progression se fera, et c’est à ce prix que les plus
grandes joies se vivront. Cet engagement s’appuie sur les 7 vertus du budo,
issues du confucianisme :
仁, jin :
bienveillance
義, gi :
droiture, rigueur
礼,rei : politesse,
courtoisie
勇, yû :
courage
誠, makoto : sincérité
忠義, chûgi : loyauté
名誉, Meiyō: piété, dans le sens de la
piété filiale
Ces sept
vertus permettent de construite la huitième, 智, chi : sagesse
Certes, cela
peut parfois prêter à sourire ou bien, à l’inverse, à en faire une apologie qui
peut ne pas avoir grand-chose à voir avec la réalité de la pratique, nous
faisant parfois dire « attention à ne pas être brancher sur radio
kami! » Cependant, il est intéressant de parfois se demander si, dans
notre pratique, nous sommes en accord avec la définition de nos valeurs, ou s’il
ne s’agit que d’un épouvantail agité pour faire fuir notre mauvaise conscience.
Le romantisme n’est pas d’actualité.
Tout le
monde a le désir d’être fort techniquement…. Tout le monde ne s’en donne pas
les moyens….. Comme le disait Francis Blanche, « il vaut mieux viser la
perfection et la louper que viser la médiocrité et l’atteindre »
A chacun
de choisir ce qu’il souhaite pour lui-même, mais, en tant que professeur, je ne
peux donner et partager qu’avec ceux qui donnent. Nous ne pouvons recevoir que
lorsque nous sommes prêts à donner, de nous-même, dans un engagement réel,
honnête et déterminé. Que chacun se pose la question intimement…
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